Le blog,
Je ne t’ai plus écrit. Je suis désolée. Figure toi qu’en cinq jours, cinq personnes m’ont parlé de toi, alors cette nuit je reviens au clavier. Aujourd’hui, je ne vais pas te raconter d’histoires, je vais te parler de moi. Ouais, comme avant avec plein de « je » et de « me ». Te voilà prévenu.
Je (re)vis en Belgique. C’est une première information qui change quand même pas mal la donne par rapport à mon existence, pas vrai? Je prends souvent l’avion pour retrouver Beyrouth, mon amoureux et ma deuxième vie. Comme tu le sais, je n’aime pas trop me retrouver dans les airs, du coup, chaque départ dans un sens ou dans l’autre crée un petit ascenseur émotionnel dans mon cerveau. Mais ça va, c’est comme ça.
Quoi d’autre? Le we passé, j’ai beaucoup pleuré. Des litres. (Au moins dix). J’ai vidé une boite de mouchoirs (que je venais d’acheter (c’est con parce que depuis j’ai plus de mouchoirs quand je dois me moucher)). Je regardais le ciel, je pleurais, le mur, je pleurais, un film, je pleurais. Une espèce de mega gastro de chialement. Je crois que j’ai atterri, puis ça m’a fait mal aux fesses. La réalité, pas celle des rêves, la vraie.
Ce soir là, par hasard mon père m’a appelé, j’avais le nez en patate et je faisais des drôles de bruits avec ma respiration pour retenir les larmes. Il m’a dit « tu as un rhume? » J’ai répondu « Non, j’essaye de grandir mais c’est pas si facile » et j’ai (re)chialé. (Depuis, je crois qu’il croit que je suis triste, il me demande souvent si ça va.)
En vrai, ça va, c’est juste que je suis vraiment une petite chochotte des fois. Quand trop d’éléments perturbateurs viennent me perturber bhen je pleure. Et puis, ça passe. Et c’est passé et tout va bien (je ne veux pas que tu crois que je suis triste maintenant parce que je ne le suis pas.)
C’est drôle de recroiser tous ces visages familiers. Les uns attendent un enfant, les autres achètent un appartement. Et là je réalise que oui, les années ont passé et que pendant que je découvrais les trésors du Liban, la vie continuait ici aussi. C’est évident tu vas me dire… Oui mais quand on est loin, on a tendance à l’oublier.
Ah, il y a un truc qui me chiffonne quand même, c’est la gestion du temps. J’ai l’impression qu’ici, tout le monde est occupé, tout le temps. Faut prendre des rdv pour se voir entre potes. Je vais pas te mentir, la phrase « faut qu’on se voit » me donne de l’urticaire… Ce serait quand même plus cool de la remplacer par « voyons nous ».
Au Liban, on ne planifie pas, fin pas des semaines en avance en tous cas. La vie se déguste au jour le jour, puisque finalement on ne sait jamais très bien ce qui peut arriver demain. Ici, en Belgique, j’ai l’impression que si tu « n’as rien de prévu » t’es un looser alors faut remplir, remplir, remplir.Quand, les choses sont planifiées, je me sens emprisonnée. (Bon du coup, j’essaye de m’adapter au rythme effréné mais j’y vais molo-piano parce qu’en fait finalement, chacun fait ce qu’il veut, pardi).
Franchement, entre nous, vivre entre deux pays c’est développer une certaine forme de schizophrénie. Quand je suis au Liban, je vois que ma vie est là, je parle de la Belgique, un peu, mais au final tout le monde s’en fou. Ici, c’est pareil mais dans l’autre sens. A chaque endroit ses codes, ses repères, ses humains. Me faut toujours quelques jours pour débarquer de l’un à l’autre.
Aussi, je me rends tous les jours un peu plus compte, que j’ai eu une chance inouïe d’avoir rencontrer mon coéquipier de vie. Tu vois le blog, j’ai l’air forte et solide mais en fait j’le suis pas tant que ça. B. est toujours là avec moi pour me donner un coup de pied au cul ou pour me tirer vers le haut, même à 3000km. Et je trouve ça beau. (C’est un peu bête mais en écrivant ça, il y a des petites larmes qui coulent.)
Enfin, je travaille quand même beaucoup, mais j’aime bien, ça stimule mon cerveau, c’est toujours ça de pris.
Alors tu vas surement me poser LA question: tu es contente d’être en Belgique? Je suis contente oui. Mais tout me va. Ici ou là. Je suis contente d’être, c’est déjà ça. Le reste, c’est des détails.
C’est fouillis ce texte, pardon.
J’espère que tu vas bien toi. Que tu t’en sors pas trop mal entre tes espoirs, tes objectifs et tes déceptions. (Bha oui, on s’entend que quand je m’adresse à mon blog, c’est à toi, derrière ton ordi à qui je parle (au cas où t’avais pas compris)).
Je te fais une petite tape dans le dos et te dis à bientôt,
Jehanne.
A reblogué ceci sur When Euskadi meets Lebanon.