Un lundi soir à la porte d’Ulysse

La porte d’Ulysse,19h, tout est calme.

Les autres bénévoles me présentent les lieux, les chambres, la cuisine. Le soleil se couche.

Le ciel est fou ce lundi soir au 1426 chaussée d’Haecht.

20h, on ouvre les portes. Ils arrivent. Très vite, ils s’installent. Certains ont leurs habitudes, leur étage préféré. Ils rassemblent les lits en groupe ou se créent des petits cocons intimes. Chacun essaye à sa façon de construire son nid.

Un peu d’anglais, d’arabe, de français. On papote, on rit. Dans le stock, on vient chercher des vêtements, du savon, des mouchoirs. Pas de rasoirs aujourd’hui. Sorry sorry.

Très vite, les 200 lits du centre sont remplis. Tout le monde va et vient dans une ambiance joyeuse.

Pendant un instant, je me crois au beau milieu d’une colonie de vacances d’un nouveau genre. Pendant un instant seulement. Le temps de réaliser que ces 200 visages ont passé la journée dans le froid.

Que ces 200 visages attendent désespérément des lendemains meilleurs.

Que ces 200 visages ont tout quitté pour cette réalité.

Que ces 200 visages ont vu des choses que mon esprit ne peut même pas imaginer.

Que ces 200 visages sont traités comme des sous-hommes par les autorités de mon pays.

J’oublie Bruxelles, j’oublie le quotidien. La vie est autre. 23h, chacun rejoint son lit. J’écoute l’histoire de ce jeune Libyen. Il sourit « my camp is your camp, welcome! ».

On éteint les lumières. Une nouvelle nuit commence au centre Ulysse.

Ulysse, l’exilé. Ulysse, le nostalgique. Ulysse et l’impossible retour.
Voilà, j’avais besoin d’écrire deux, trois mots.
(Et si vous voulez venir aider, n’hésitez pas à me contacter)

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s