Iran, L’autre révolution

La jeunesse moderne et ultraconnectée de Téhéran tente de se créer un avenir dans un pays corseté par le régime,
meurtri par les sanctions internationales et aujourd’hui accusé de terrorisme par les Etats-Unis.

Fondées ou non, les récentes accusations d’attaques terroristes contre des pétroliers dans le gofle d’Oman n’y changeront pas grand-chose. Le plus souvent, l’Iran doit sa présence à la une des pages internationales au titre d’ennemi public mondial numéro 1. Pourtant, il continue à fasciner ses visiteurs, de plus en plus nombreux à partir à la découverte de cette terre de culture millénaire à l’hospitalité légendaire.
Le New York Times l’a même classé parmi ses destinations 2019. Rien de surprenant pour ceux qui ont déjà franchi le pas et ont pu voir de leurs propres yeux les cafés hipsters de Téhéran, les paysages désertiques à couper le souffle, les trésors de l’architecture islamique, les mers, montagnes et forêts ou goûté à l’accueil incroyable et à la cuisine parfumée des Iraniens…
Sauf qu’après une brève illusion d’ouverture suite à la levée partielle des sanctions en 2016, le pays vit aujourd’hui une nouvelle crise économique et sociale catastrophique. En cause, le retrait de Washington en mai 2018 de l’accord international sur le programme nucléaire iranien de 2015. En août et novembre 2018, Trump a imposé à l’Iran de lourdes sanctions économiques contre le système bancaire et les ventes de pétrole, ce qui a entraîné une grande dévaluation du rial. Aujourd’hui, l’éventualité d’une confrontation militaire avec les États-Unis inquiète de plus en plus: près de quarante ans après le conflit avec l’Irak, personne ne veut revivre la guerre. Partout en Iran, la tension est palpable. Prise dans la double étreinte de son propre gouvernement et du carcan imposé depuis l’étranger, la population iranienne est au bord de l’asphyxie. Et pourtant, rien ne semble arrêter les habitants de l’ancienne Perse. Derrière les vitres des grands immeubles de Téhéran, de jeunes entrepreneurs ont décidé de passer à l’action. À peine arrivé sur le sol iranien, l’Iran 2.0 nous ouvre ses portes avec Snapp. En quelques swipes, une voiture arrive, c’est simple et efficace. Vous n’avez probablement jamais entendu parler de ce Uber sauce safranée et pourtant Snapp comptabilise près de deux millions de trajets par jour. Créée en 2016, la compagnie est un symbole de réussite et sert d’exemple aux entrepreneurs iraniens de demain. Bienvenue en République islamique de la technologie, aussi éloignée des traditions archaïques que de l’emprise des colosses du web US.
Les Iraniens ne peuvent pas souscrire aux services payants de Google, Amazon, Facebook,Netflix, Spotify… Ceux-ci n’ont pas accès aux systèmes de paiements internationaux comme Visa, Paypal ou Swift. Le verre à moitié plein, telle est la doctrine des Iraniens. Les sanctions ont certes anéanti l’économie du pays, mais elles ont protégé le marché des géants du Net américains, les entrepreneurs ont dès lors toute la place pour développer des alternatives locales.

L’article complet est à découvrir dans le Moustique du 19 juin 2019.